Conflit Russie Ukraine : quelles sont les conséquences dans le secteur du BTP ?

Depuis le début du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine, les entreprises françaises du secteur du bâtiment sont impactées de différentes manières. Entre la pénurie de matières premières et la hausse des prix, une volatilité du marché est largement constatée. La guerre en Ukraine vient accentuer des difficultés déjà présentes à la suite de la pandémie du Covid 19. 

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De grandes difficultés d’approvisionnement

Si le bâtiment n’est pas le seul secteur frappé par les conséquences de la guerre en Ukraine, cette dernière amplifie considérablement la pénurie de certains matériaux indispensables. En effet, l’acier, l’aluminium, le bois, la terre cuite, mais aussi les isolants sont les principaux concernés. La production de l’acier en Ukraine étant à l’arrêt, les stocks s’épuisent, car le pays était le premier exportateur vers la France. C’est également le cas de l’aluminium dont les usines situées en Pologne employaient de nombreux salariés ukrainiens. Le domaine des portes et fenêtres en aluminium est ainsi fortement impacté.

 

Même en Île-de-France, les différents fournisseurs annoncent des délais d’approvisionnement à rallonge. Ils sont passés de 2 à 8 semaines, parfois 12. Les travaux qui impliquent l’utilisation d’acier ou d’aluminium prennent un retard considérable. Les fournisseurs sont obligés de créer un système de rationnement avec un plafond de commandes pour répartir entre leurs clients. Impossible de commander plus que les quantités nécessaires pour un chantier. 

Les entreprises perdent en productivité et voient leurs plannings bousculés en fonction de l’approvisionnement. 

 

Hausse des prix de l’énergie et des matières premières

Conséquences de la rareté des matières premières, les prix varient à la hausse dans un laps de temps très court. Seulement un mois après le début du conflit, les tarifs de certaines fournitures ont connu des augmentations spectaculaires. Avec la hausse historique du prix du gaz, la majorité des productions de matériaux qui consomment de l’énergie a vu leurs coûts grimper en flèche. 

 

Le résultat se répercute sur les prix des matériaux avec des chiffres qui atteignent 142 % pour l’acier, entre 30 et 110 % pour le bois. Les prix annoncés changent si vite que les prix ne sont plus donnés qu’à la livraison. Avec l’écoulement des stocks en France, de nouveaux matériaux se voient de plus en plus difficiles à trouver. C’est le cas des carrelages, appareils sanitaires et autres produits à base de porcelaine chauffée au four. 

 

Irrémédiablement, les conséquences sont une baisse d’activité générale du secteur du bâtiment. Les difficultés sont telles que de nombreux fournisseurs ont préféré arrêter la production. Impossible pour eux d’écouler un produit à un prix aussi élevé. Certaines entreprises ne peuvent pas honorer les conditions des devis devant l’évolution des prix entre la signature et le début du chantier. 

 

Des chantiers abandonnés suite à la réactualisation des devis

Autre conséquence de la hausse des prix, les clients sont nombreux à annuler les chantiers. Tous ne comprennent pas l’ajustement nécessaire du prix des matériaux. D’une semaine à l’autre, les prix peuvent avoir augmenté. Si les entreprises et artisans font des efforts sur leur marge pour continuer à travailler, les écarts de prix sont parfois trop importants. Pour se prémunir au maximum, la durée de validité des devis est passée de plusieurs mois à seulement quelques semaines ou même quelques jours. 

 

Une recherche de solutions pour maintenir l’activité

Devant la réduction des marges et la volatilité des chantiers, les acteurs du bâtiment sont nombreux à être inquiets. À force de voir leur rémunération en baisse, beaucoup envisagent d’augmenter leurs prix de vente. 

Pour aider les artisans et entreprises du BTP, le Syndicat des indépendants (SDI) propose d’allonger la durée de remboursement du prêt garanti par l’État de 2 ans. Il envisage également le renouvellement du dispositif permettant d’étaler le paiement des charges sociales personnelles du chef d’entreprise sur une période de 12 à 36 mois.

 

Entre la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, la hausse des prix et la pénurie des matières premières engendre de graves conséquences pour les entreprises du bâtiment. La crise des matériaux ne semble pas sur le point de se résoudre et les inquiétudes grandissent chez les professionnels concernés. 

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