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Les avantages du BIM sont certains : réduction des coûts, livraison en temps et en heure, meilleure communication entre les parties prenantes et amélioration de la performance énergétique des bâtiments. Pourtant, les études sur l’évolution du BIM en France montrent que cette méthode et les outils qu’elles nécessitent ne sont pas encore utilisés par la majorité des professionnels du secteur du bâtiment et de la construction.

Pourquoi de telles difficultés à adopter le « Building Information Modeling » ? Les défis sont en fait de plusieurs ordres : compétences insuffisantes, coûts de transition trop élevés, peur du changement et des nouvelles technologies et difficultés techniques. Pourtant, le BIM semble avoir de beaux jours devant lui et pourrait poursuivre son développement au cours des années futures.

Quels sont les défis à relever pour une transition vers le BIM en France ?-1

Le manque de formation et d’expertise technique

Les grandes entreprises de la construction ont été les premières à adopter le BIM pour leurs projets, au cours des années 2010. Dotées d’importants moyens et d’experts dans les solutions numériques, elles ont en effet pu acquérir une maîtrise suffisante du Building Information Modeling.

Malheureusement, ce n’est pas le cas de toutes les entreprises et de tous les artisans. Certains acteurs ne sont tout simplement pas à l’aise avec les nouvelles technologies et osent à peine envisager l’utilisation d’une maquette 3D partagée pour concevoir ou lire un plan de construction. Les moins aguerris peuvent considérer cette méthode comme une perte de temps, là où l’échange plus traditionnel de documents papier ou numérisés leur semble tout à fait convenir.

Et même pour les architectes, constructeurs et autres parties prenantes qui ont l’habitude de travailler sur des logiciels parfois complexes, la compréhension du BIM reste problématique. 

Il semble donc essentiel d’informer et de former à moindre coût tous les acteurs qui seront amenés à adopter le BIM au quotidien. En comprenant les atouts de cette méthode et en acquérant une maîtrise des outils, il deviendra plus facile de convaincre chacun de prendre part à des projets conçus selon la méthode BIM.

Les coûts engendrés par la transition vers le BIM

Au-delà des compétences, il ne faut pas oublier que l’adoption du BIM est coûteuse, ce qui peut freiner son développement. Il faut en effet compter plusieurs milliers d’euros pour acquérir un logiciel BIM, qu’il s’agisse de Revit, d’ArchiCAD, d’Edificius ou de n’importe quelle autre suite d’outils.

On pourra rétorquer qu’il existe des logiciels BIM gratuits ou à des prix plus accessibles. Néanmoins, leurs fonctionnalités sont souvent limitées, ne permettant pas d’exploiter toutes les opportunités offertes par ce mode de gestion. Il peut toutefois s’agir de solutions intéressantes, à défaut de mieux, pour les acteurs de la construction qui n’ont pas les moyens de se procurer une licence ou qui voudraient tester ce type de logiciels avant de se lancer.

Le problème est que les coûts afférents au passage au BIM ne sont pas uniquement liés à la solution en elle-même. Il faut en effet pouvoir se doter d’ordinateurs suffisamment puissants pour faire fonctionner le logiciel et dépenser quelques centaines, voire milliers d’euros pour une formation. Dans certains cas, la mise en œuvre du Building Information Model va même exiger le recrutement d’un spécialiste du BIM. Par manque de temps, d’envie et d’expertise, certains chefs d’entreprise préfèrent effectivement dédier cette mission à un employé qualifié dans ce domaine.

Les problèmes d’interopérabilité entre les différentes applications BIM

L’aspect technique peut aussi représenter un réel frein au développement du BIM en France. En effet, l’intérêt majeur de ce mode de management est de pouvoir créer un projet commun, où les échanges d’informations sont constants, des premières étapes de la conception jusqu’à l’exploitation et la maintenance du bâtiment. Pourtant, on constate encore des problèmes d’interopérabilité d’une solution numérique à une autre. Cela signifie qu’entre différentes applications BIM, les données ne peuvent parfois pas être correctement échangées, elles ne sont pas comprises par le système qui reçoit les informations. Il est alors nécessaire de faire des extractions manuelles, parfois complexes et souvent chronophages. 

Toutefois, des efforts ont été réalisés à ce propos, avec le développement du format IFC, permettant de travailler dans un environnement commun. Il est aujourd’hui adopté par la majorité des utilisateurs du BIM, mais la vigilance reste de mise : tous les logiciels sur le marché ne sont pas compatibles avec ce format.

Quels sont les défis à relever pour une transition vers le BIM en France ?-2

La nécessité d’un travail entièrement collaboratif et sécurisé

Dans tout projet de construction, de rénovation énergétique ou de mise aux normes d’un bâtiment, le travail en équipe entre les différents acteurs est indispensable. Cela est encore plus vrai dans un processus BIM, qui repose justement sur ce principe d’échange et de collaboration à tous les stades du projet. En se lançant dans une conception via la méthode BIM, il faut donc être capable de réunir tous les acteurs autour du projet, mais aussi de leur assigner des tâches bien définies.

La maîtrise du Building Information Management tient donc aussi à la capacité du groupe en charge du projet à définir qui doit intervenir sur la maquette, à quel moment et de quelle manière. Pas toujours évident quand des dizaines d’entreprises mêlant bureaux d’architecture, maîtres d’ouvrage, constructeurs, bureaux d’études, ingénieurs, etc. se retrouvent autour d’une même maquette. 

La question de l’accès et de la sécurité des données est aussi de mise dans un tel travail collaboratif autour d’une solution numérique. Il est donc raisonnable d’opter pour un logiciel qui respecte des normes et certifications reconnues au sujet de la cybersécurité et de confier des droits appropriés à chaque professionnel amené à lire ou modifier la maquette.

La difficulté face au changement en entreprise

Un autre défi de la transition vers le BIM, qui est loin d’être un simple détail, est la réticence des salariés au changement dans l’entreprise. Il s’agit d’une problématique qui n’est pas propre au BIM : elle peut concerner n’importe quel secteur d’activité et est d’autant plus palpable lorsqu’il s’agit de transition numérique. 

Changer ses habitudes, faire des efforts supplémentaires, se sentir obligé·e de travailler différemment, ne pas comprendre l’intérêt d’adopter de nouvelles méthodes : voilà autant de freins au changement, qui s’appliquent tout à fait au BIM. Informer, anticiper les questions et réaliser une transition progressive sont alors quelques pistes pour faciliter l’adoption durable de ce nouveau processus de conception et ses outils.

Avec quelles démarches la transition vers le BIM est-elle encouragée en France ?

Face à tant de défis, on imagine que la tache va être difficile. Pourtant, les professionnels de la conception et de la construction sont fortement incités à adopter ce modèle collaboratif. 

D’abord, les grands acteurs du bâtiment et de l’architecture en France utilisent ce processus, l’imposant naturellement à leurs partenaires.

Mais le gouvernement joue aussi son rôle, avec la mise en œuvre en 2019 du Plan BIM 2022, dans le prolongement du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment (PTNB) qui avait vu le jour 4 ans plus tôt. Plusieurs actions sont proposées au sein de ce plan :

  • la sécurisation de l’environnement BIM ;
  • la normalisation des processus ;
  • le développement d’outils de formation ;
  • la création d’un observatoire du BIM dans le secteur du bâtiment,
  • le déploiement d’antennes locales pour faire découvrir le BIM à tous les acteurs de la conception et de la construction, etc.

Ce projet ambitieux répond au besoin de généraliser le BIM, dans le but de concevoir et de réaliser des travaux à moindre coût, de réduire les délais de livraison, de faciliter la transition énergétique de nos bâtiments et d’entrer dans l’ère du Smart Building.

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