Risques professionnels : l’OPPBTP fait le point
Depuis 1947, l’OPPBTP (Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics) a pour mission de contribuer à la promotion de la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles ainsi qu’à l’amélioration des conditions de travail auprès des professionnels du bâtiment et des travaux publics. Paul Duphil, son Secrétaire Général, répond à nos questions.
Rappelez-nous quelles sont les missions de l’OPPBTP
OPPBTP_Paul Duphil @Christian Murtin_2016
Paul Duphil : Organisme paritaire créé par décret, l’OPPBTP travaille avec les représentants du BTP, les Pouvoirs Publics et les entreprises pour promouvoir la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. L’OPPBTP est attentif à la mise en place de règles adaptées. Il agit pour l’amélioration constante du cadre réglementaire et pour favoriser sa mise en œuvre effective. Chaque année, les 332 collaborateurs accompagnent les entreprises avec des actions de conseil auprès des entreprises (15 900 chaque année), de formation et d’information auprès des professionnels du BTP (18 000 chaque année) et via son site Internet www.preventionbtp.fr. 220 000 entreprises sont adhérentes.
Comment a évolué la sécurité sur les chantiers ces dix dernières années ?
Paul Duphil : Depuis la crise de 2009, les entreprises du BTP n’ont pas relâché leurs efforts en termes de prévention des risques professionnels. L’indice de fréquence des accidents du travail a baissé de près de 15% en cinq ans, la plus forte baisse jamais enregistrée. La situation reste néanmoins inacceptable avec un nombre d’accidents encore élevé. Il faut toutefois reconnaître que le BTP est confronté à une équation de prévention particulièrement complexe et que les problématiques sont nombreuses. Citons principalement les risques physiques de toutes sortes, la coactivité, le caractère mobile des chantiers et une faible mobilisation de certains donneurs d’ordre autour de la prévention.
Ces dernières années, les évolutions ont été remarquables grâce aux apports de nouveaux matériels et matériaux et à une organisation du travail plus respectueuse des efforts physiques des opérateurs. Il importe d’amplifier le mouvement dans un monde où ces sujets ont de plus en plus d’importance et dans un secteur d’activité caractérisé par la dimension physique parfois soutenue de ses métiers.*
Les affiches de communication de l’OPPBTP sur les produits dangereux
Quels sont les problèmes de sécurité majeurs auxquels le BTP est confronté aujourd’hui ?
Paul Duphil : Il existe de nombreux risques dont les chutes de hauteur qui constituent la première cause d’accidents graves ou mortels. Ensuite, il y a les accidents de la route liés aux engins et machines de chantiers, les risques dus aux produits chimiques et à l’amiante ainsi que les TMS (troubles musculo-squelettiques). Parce que chaque métier est confronté à des situations et à des dangers différents, l’OPPBTP propose un contenu personnalisé aux professionnels du BTP sur son site preventionbtp.fr : ils peuvent visualiser grâce à une infographie interactive les principaux risques liés aux situations de travail. 22 métiers sont illustrés de conseils pratiques de prévention et présentent les risques les plus courants auxquels ils peuvent être exposés et les pratiques d’excellence à mettre en œuvre au quotidien. Sans oublier les formations obligatoires et conseillées ainsi que les équipements de protection individuelle pour s’équiper efficacement.
Quelles sont actions engagez-vous sur le sujet de l’amiante par exemple ?
Paul Duphil : Dès 2012, l’OPPBTP** a signé une convention de partenariat pour quatre ans afin de favoriser la mise en œuvre des nouvelles obligations de formation des travailleurs exposés à l’amiante. Dans le cadre de cette convention une vaste campagne de sensibilisation à la formation a été lancée « Pas formé, pas toucher ! ». Depuis juin 2014, l’OPPBTP a signé une convention de partenariat avec la DGT et l’INRS permettant la réalisation du projet nommé « CARTO Amiante ». Cette initiative*** consiste à mesurer l’empoussièrement d’amiante sur des chantiers de courte durée. Et son objectif est de disposer d’une base de données de référence pour évaluer à priori les niveaux d’empoussièrement attendus selon les modes opératoires envisagés. Les entreprises et les maîtres d’ouvrage proposant des chantiers dans le cadre de cette campagne recevront gratuitement les résultats analysés par les laboratoires accrédités et ceux-ci seront traités de façon anonyme.
Affiche de l’OPPBTP : savoir décrypter l’étiquette des produits dangereux
Quels types de formation proposez-vous et comment en bénéficier ?
Paul Duphil : Seul organisme de formation proposant des sessions 100% spécifiques aux métiers du BTP, l’OPPBTP aide les entreprises à construire leur plan de formation et propose un service d’ingénierie pour développer des formations personnalisées. Nous accompagnons ainsi chaque année près de 18 000 professionnels au travers de 67 stages adaptés aux entreprises. D’une demi-journée à trois jours, nos stages utilisent des méthodes pédagogiques innovantes avec des études de cas et des analyses de situations concrètes du BTP.
Développer la culture prévention passe aussi par la formation des acteurs de la branche, en formation continue ou initiale. Ainsi, en 2015, 30 000 apprentis ont été sensibilisés aux risques dans le cadre de « 100 minutes pour la vie ». De nouveaux outils pédagogiques d’animation tels que modules e-learning, tutoriels vidéos, jeux interactifs sur smartphones et tablettes ont été mis en place pour susciter l’intérêt des participants. Résultats : 2511 entreprises ont été touchées.
L’actualité récente de l’OPPBTP ?
Paul Duphil : Nous venons de lancer notre Plan Stratégique à Horizon 2020 qui définit des objectifs ambitieux pour la prévention dans le BTP, et continuer à développer la culture positive de prévention, en particulier dans les TPE. Ce nouveau plan porte l’ambition des branches du Bâtiment et des Travaux Publics en matière de Santé et Sécurité au travail, tout en répondant à trois enjeux prioritaires : le développement de la culture positive de la prévention pour mobiliser les entreprises et leurs collaborateurs, la baisse des accidents graves et mortels et l’amélioration des conditions de travail. Ce plan partage plusieurs objectifs avec le Plan Santé au Travail (PST3) du ministère du Travail qui vient d’être lancé. L’OPPBTP fêtera également les 70 ans de la prévention en 2017, ce qui sera l’occasion de valoriser tous les professionnels de la construction et de partager les perspectives d’avenir en prévention.
Aller plus loin sur L’OPPBTP :
L’OPPBTP a développé ses outils d’information et canaux de diffusion : le site www.preventionbtp.fr, le magazine Prévention BTP, la lettre de la prévention diffusée auprès de 237 000 entreprises et les réseaux sociaux complètent le dispositif et relayent les messages de prévention
L’organisme contribue aux campagnes nationales de prévention réalisées avec les organisations professionnelles et syndicales du BTP, les grands acteurs institutionnels de la prévention (DGT, INRS, CNAMTS et ANACT), et les services de santé au travail, les Direccte et les Carsat.
* En 2014, ils y a eu 96 838 accidents du travail et 137 décès, 6 947 « malades professionnels » et 16 décès.
**Au côté de la DGT, l’INRS, la CNAMTS et les 4 organisations professionnelles : BTP–FFB, FNTP, CAPEB et FNSCOP
*** Initiative construite avec l’ensemble des organisations patronales qui sont en charge d’identifier des entreprises volontaires (Capeb, FFB, FNTP et FNSCOP).