Construire en bauge et respecter les normes actuelles
Dans une constante optique de réduction des émissions carbone, la construction durable est mise en avant. C’est le cas de la technique des murs en bauge. Cette technique ancestrale à base de terre et de fibres végétales revient sur le devant de la scène. Construire en, bauge est donc une solution réalisée avec des matériaux écologiques, tout en apportant du confort aux habitants.
Le principe de la bauge
Moins connu que le mur en torchis, le mur en bauge est une technique de construction réalisée à partir de terre crue. La construction en bauge est un procédé très ancien que l’on retrouve dans certaines régions rurales de France. On peut voir des maisons en bauge en Bretagne, Normandie, Hauts-de-France… Cette technique se traduit par un empilement de couches consécutives de terre crue. Le mur en bauge est ainsi progressivement monté à l’aide de matériaux naturels. La bauge offre une masse volumique de1400 à 1700 kg/m3 pour une résistance de 0,6 à 1,3 N/mm².
La terre crue de la bauge est dite dans un état plastique. Elle est notamment mouillée et mélangée à des fibres végétales. Après un temps de séchage, le matériau obtenu est découpé pour former les parois verticales avant qu’il ne durcisse. Le terme anglophone pour cette technique est « cob ».
Une technique plus moderne de la bauge est apparue avec l’utilisation d’un coffrage pour remplacer la découpe. La bauge coffrée est donc une alternative moins traditionnelle.
Avantages et inconvénients de la construction en bauge
Avec les préoccupations écologiques actuelles, la construction en terre crue de la bauge intéresse les spécialistes du secteur. Bien qu’ancienne, la technique écologique du mur en bauge à base de terre crue pourrait bien être de plus en plus utilisée.
Les atouts d’un mur en bauge :
- L’utilisation de matériaux locaux ;
- Une construction écologique avec des matériaux biosourcés ;
- Des murs en bauge à partir de terre crue recyclable à l’exemple des murs en torchis ;
- Les murs bénéficient de la grande régulation thermique de la terre crue. La chaleur est contenue en hiver et la fraicheur en été par les murs en bauge dotés d’une forte inertie thermique.
- Les maisons en bauge apportent un confort qui peut être plus important que la construction des bâtiments récents.
En comparaison du pisé et du torchis, la construction en bauge affiche certains défauts à prendre en compte :
- À l’instar du pisé, les murs en bauge sont sensibles à l’humidité. Cependant, un enduit adapté permet d’assurer une étanchéité efficace du bâtiment.
- Fruit d’une technique plus grossière et moins précise que le torchis ou le pisé, la bauge demeure moins populaire. La construction en bauge rend plus difficile le contrôle de l’épaisseur des murs.
- La réalisation d’une maison ou d’un bâtiment en bauge implique d’importants temps de séchage.
Comment construire un mur en bauge ?
La technique du mur en bauge consiste donc à utiliser de la terre crue. Celle-ci est idéalement locale et argileuse. D’une granulométrie fine, la terre peut être laissée à l’air libre. Il est cependant conseillé de la couvrir d’une bâche pour maintenir une bonne teneur en eau et faciliter le modelage. La boule de terre à l’état « plastique » ne doit pas coller aux doigts ni être trop sèche.
Pour cela on procède de la manière suivante :
- De la paille d’orge est dispersée sur le sol uniformément.
- La paille est recouverte de terre jusqu’à une épaisseur entre 10 et 15cm. La terre doit former une couche plane et uniforme sur toute la surface.
- On disperse à nouveau de la paille.
- Pour donner au mélange paille/terre/paille la cohésion adéquate, on marche dessus pour l’aplatir.
- Le résultat est ensuite découpé en caillebotis.
Mise en œuvre de la bauge :
- Une fois les banches positionnées, les caillebotis sont placés puis tassés avec le pied de l’extérieur vers l’intérieur. La disposition des caillebotis sur le mur est effectuée avec un appareillage en arête de poisson. Il permet d’éviter les fissurations éventuelles.
- Avec une hauteur de 80 cm, la levée de terre est terminée. On procède au décoffrage.
- La levée de terre suivante ne pourra commencer qu’une fois la première partie suffisamment sèche.
- La teneur en eau de la terre est essentielle pour sa résistance à la compression. Plus les charges sont importantes plus la terre doit être sèche.
Le projet CobBauge en faveur de l’éco-construction
Avec des équipes de Builders françaises et britannique, le projet CobBauge a débuté en 2017. Les ingénieurs du Campus de Caen et de l’Université de Plymouth ont réalisé un nouveau procédé mixte de construction. Ce dernier combine une terre allégée isolante et une terre assez dense. La qualité d’isolation est obtenue par un mélange de terre et fibre de roseau. Pour renforcer la structure, ils ont utilisé un mélange de terre et chènevotte de lin.
Les deux 2 équipes ont mis en œuvre un bâtiment selon leur mode d’architecture avec le principe de la bauge coffrée. Elles ont utilisé les deux mélanges en limitant les levées de terre successives à 60 cm de hauteur. Stable après 3 mois de séchage, le bâtiment a été utilisable au bout de 6 mois. L’installation des éléments qui constituent l’architecture sera bientôt le fruit d’un guide des techniques de pose.
Matériau réutilisable à l’infini, la bauge est une construction qui répond à bon nombre des préoccupations de construction écologique. À l’image du projet CobBauge, les bâtiments et constructions obtenus offrent de bonnes performances sur le plan thermique et le confort. Construire des murs en bauge reste un projet en cours d’étude pour des solutions et techniques plus vertes dans le secteur du bâtiment.
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