À l’ère du numérique, le BIM tend à se développer dans le secteur du bâtiment. Les acteurs du monde de la construction sont de plus en plus nombreux à utiliser ce système de modélisation, qui offre de nombreux avantages. Cette aide complémentaire et innovante est la bienvenue dans le secteur. Les maîtres d’œuvre sont les premiers à se saisir d’un concept moderne reposant sur une maquette numérique. En effet, pour ces chefs de projet, cet outil s’avère idéal afin de coordonner de bout en bout chaque projet de construction. Toutefois, le BIM reste confronté à quelques défis pour devenir incontournable auprès des maîtres d’œuvre.
C’est quoi le BIM ?
Avant tout, il est essentiel de revenir sur la définition du BIM.
Cet acronyme correspond au terme anglais "Building Information Modeling", qui peut se traduire par "modélisation des informations du bâtiment". Cette désignation est limitée, car le BIM englobe une réalité plus vaste. En effet, il regroupe tout le cycle de vie d’un ouvrage, allant de sa phase de projet à sa déconstruction. Le recyclage des matériaux du bâtiment est même intégré dans ce concept.
Avec le BIM, ce cycle complet est modélisé, puisqu'il prend la forme d’une maquette numérique. Cette visualisation des données offre ainsi une meilleure compréhension de la structure du bâtiment. Cet outil est intéressant pour les différents projets du monde de la construction, y compris pour les travaux publics et le génie civil.
Les atouts du BIM
La démarche du BIM est en elle-même avantageuse pour les acteurs du bâtiment. Ses avantages recouvrent plusieurs dimensions.
Une maîtrise des coûts assurée
L’utilisation du BIM sur un projet de construction permet d’en maîtriser les coûts. En effet, la visualisation offerte par une représentation en 3D permet de planifier et d’estimer les risques immédiatement. Il est donc plus facile de déceler les coûts superflus. Il suffit d’agir en amont pour les écarter et s’offrir des économies. Grâce à l’utilisation d’outils BIM, on obtient en moyenne une réduction de 35 euros par mètre carré dans le neuf.
La meilleure planification induite par le BIM permet également de baisser les coûts des travaux, car il est notamment possible de mieux anticiper les besoins en main-d’œuvre sur l’ouvrage.
Une meilleure collaboration entre les acteurs
Les travaux de construction mobilisent généralement de nombreux acteurs différents et le BIM offre la possibilité de fluidifier les échanges entre ces derniers. Cet outil numérique facilite le partage des données, puisqu'il est possible d’intégrer diverses informations au projet commun. Tous les acteurs ont ainsi la main pour explorer et manipuler les modèles 3D numériques.
La visualisation numérique est idéale pour faciliter la compréhension, l’échange et le travail collaboratif. Par ailleurs, les collaborations à distance sont aussi plus simple. Cette conception virtuelle peut ainsi être utilisée pour une communication efficace auprès du client final.
Une plus grande qualité de conception
Une maquette numérique permet d’analyser plus facilement les risques de construction, afin d’éviter les erreurs de conception. L’observation fine permise grâce à une modélisation 3D n’est pas négligeable pour livrer un ouvrage de grande qualité, respectant le cahier des charges défini.
L’utilisation du BIM est particulièrement judicieuse pour un projet de construction conséquent.
Des bâtiments plus éco-responsables
Avec le BIM, il est aussi possible de procéder à une vérification des critères environnementaux d’un projet. En effet, des analyses et mesures poussées permettent de construire des ouvrages répondant à une efficacité énergétique optimale. Il devient ainsi facile de construire des bâtiments durables, offrant une bonne isolation et limitant les déperditions énergétiques.
Le BIM : un outil central pour les maîtres d’œuvre
Les nombreux avantages offerts par le BIM facilitent le travail du maître d’œuvre, car l’utilisation de cette technologie s’articule totalement autour de son rôle de chef de projet.
Rappelons que le maître d’œuvre a pour mission de gérer la conception et le suivi de la réalisation des travaux sur un projet de construction. Il exerce pour une tierce personne, appelée maître d’ouvrage. Son rôle est capital pour l’aboutissement de tout projet dans le secteur du bâtiment. Il prend notamment en charge les tâches suivantes :
- la proposition d’un plan personnalisé, puisque suite à l’étude du projet de son client, le maître d’œuvre doit proposer des plans de construction. Les solutions proposées doivent correspondre au budget alloué et répondre aux divers souhaits du client. Le maître d’œuvre doit aussi établir un dossier administratif pour la construction de l’ouvrage ;
- le suivi de l’avancée des travaux, puisque le maître d’ouvrage est amené à échanger avec les différents acteurs intervenant sur le chantier. Il doit pouvoir signaler les éventuelles erreurs ou les retards dans les travaux ;
- la recherche d’entreprises du bâtiment, car le client du maître d’œuvre peut lui demander de gérer les contrats avec les acteurs du bâtiment mobilisés pour les travaux. Dans ce cas, il doit notamment gérer la partie correspondant au paiement des entrepreneurs.
Les différentes dimensions de la mission du maître d’œuvre peuvent être analysées et optimisées avec un outil comme le BIM, qui permet une bonne coordination dans les phases de conception du projet jusqu’à sa réalisation.
Le BIM : l’avenir du bâtiment
Un outil privilégié par les acteurs digitalisés
La percée du numérique dans la société actuelle incite à l’utilisation du BIM dans le bâtiment. Toutefois, il reste du chemin à parcourir pour que les différents acteurs de ce secteur intègrent durablement les outils numériques dans leurs habitudes.
Dans la 12e édition de son étude annuelle "Global Construction Survey : Future-Ready Index" publiée en 2019, le cabinet KPMG souligne que les acteurs du BTP sont à mi-chemin face aux enjeux de l’innovation. À l’échelle mondiale, le cabinet distingue 3 types de catégories d’acteurs :
- 20 % des acteurs sont qualifiés de "leaders innovants", car ils misent fortement sur les outils numériques pour se développer ;
- 60 % des acteurs sont qualifiés de "suiveurs", parce qu'ils investissent prudemment dans l’innovation ;
- 20 % des acteurs sont qualifiés de "retardataires", parce qu'ils restent à l’écart des outils innovants.
Les résultats de l’enquête dévoilent l’impact positif des outils numériques sur les projets de construction. Ainsi, les leaders innovants sont 66 % à indiquer livrer la grande majorité de leurs projets dans les délais. Ce chiffre descend à 14 % chez les suiveurs. Quant aux retardataires, ils sont incapables de livrer les projets dans les temps impartis.
Précisons que le BIM est la technologie la plus adoptée par les leaders innovants (86 % d’entre eux). Son utilisation est d’ailleurs incitée par les autorités de plusieurs pays. En France, le Plan BIM 2022, doté de 10 millions d'euros et lancé en 2018, a ainsi pour but d’accompagner les professionnels dans leur transformation digitale avec le BIM.
Challenges à relever pour une meilleure intégration du BIM
Cet outil rentre de plus en plus dans les mœurs. En France, une étude organisée par l’Agence Qualité Construction constate une "meilleure appropriation des outils et méthodes du BIM de travail au fil du temps".
Ce rapport intitulé "Le BIM : quelle appropriation par la filière ?", publié en juin 2020, met également en évidence les enjeux auxquels font face les acteurs du bâtiment.
On peut mettre en lumière, les challenges suivants :
- la mise en place de formations pour travailler avec le BIM ;
- la définition des objectifs BIM de la maîtrise d’ouvrage, pour les traduire en "cas d’usage" ;
- le respect des règles de modélisation prévues dans la convention BIM ;
- la vérification de l’orientation de la maquette par rapport à l’orientation réelle ;
- l’utilisation d’un logiciel permettant de travailler avec des normes de calcul valables en France.
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