Tiny House : une maison mobile alternative ?
A mi-chemin entre la datcha et la roulotte, cette maison mobile sur roues venue des Etats-Unis a de quoi séduire les déçus de l’urbanisme et les optimistes de la vie nomade ! Fonctionnelle, la Tiny House, traduisez « la toute petite maison », a tout d’une grande !
Découvrez le 1er baromètre Français de la construction hors-site
La Tiny House : fiche d’identité
Cette adorable maison en bois et sur roues est loin d’être une maison de poupée ! Venue des Etats-Unis, la Tiny House prône un art de vivre nomade ou semi-nomade. La première fut inventée en 1999 par Jay Shafer. Elle s’appelait Tumbleweed, du nom de ses plantes qui volent et roulent dans les rues des villes de Western ! Avec un confort certes spartiate mais bien étudié, elle offre une alternative intéressante à ceux qui désirent un autre mode d’habitat. L’idée est de vivre mieux dans un espace certes réduit mais qui laisse plus de temps au loisir puisque la Tiny demande moins d’entretien… et surtout qui offre la possibilité de voir si ailleurs l’herbe est plus verte, puisque cette maison est nomade.
La version française des Tiny House prend petit à petit son envol. Les aficionados de cette maison mobile peuvent se lancer dans l’auto-construction à condition de respecter la législation (cf article législation) ou bien en déléguer la fabrication à des professionnels. Comme Bruno Thiery et ses associés qui depuis 2 ans conçoit de façon artisanale des Tiny Houses « Made in Normandie ». Ces Tiny bénéficient d’une garantie décennale constructeur et ont une surface au sol de 10 à 15 m² à laquelle il faut ajouter une mezzanine de 5 à 7 m². Pour avoir une idée du prix, la Tiny « Josette » de 2,4 tonnes coûte 20 400 € TTC.
Intérieur en bois d’une Tiny House Appalache
Pour l’Observatoire Mondial du Bâtiment, Bruno Thiery a bien voulu nous donner les clefs de ce qu’est une Tiny House.
Bruno Thiery : Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas un achat compulsif. Quand nos clients viennent nous voir, ils ont abouti leur démarche. Ils connaissent leurs besoins, leur consommation. Car c’est vraiment un habitat minimaliste, il faut y être préparé. Parmi nos clients pas un seul a le même profil. C’est totalement « déciblé ». Notre premier acheteur était une dame de 73 ans qui en avait assez de faire le ménage et voulait réduire son espace vital. Nos deuxièmes clients étaient un jeune couple qui ne voulait pas d’une grande maison et souhaitait profiter d’une vie semi-nomade. Les personnes qui se servent de la mobilité de ce type d’habitat sont des personnes qui bougent, une à deux fois par an grand maximum. Ce n’est pas une caravane !
Au niveau de l’eau et de l’électricité comment cela se passe-t-il ?
A chaque fois que l’on fabrique une Tiny, elle est raccordable. Pour l’électricité soit on se branche sur le secteur via un voisin et une rallonge électrique, soit on peut s’autonomiser via des batteries et des panneaux solaires. Pour l’eau, c’est plus problématique quand on ne peut pas se brancher sur l’eau courante des voisins.On est obligé de trouver un puit, une citerne ou de fabriquer un bac de pluie. Là se pose le problème de la qualité de l’eau et de la salubrité, donc on met bien en garde nos acheteurs.
La Tiny House est-elle pensée comme un habitat durable ou temporaire ?
C’est un habitat durable. Nous sommes charpentiers depuis 25 ans et le principe de construction est le même qu’une maison en ossature bois. Depuis deux ans, nous construisons les Tiny avec les mêmes membranes pare-pluie extérieure, les mêmes membranes d’étanchéité à l’intérieur, on y pose des VMC double-flux, les bardages sont qualitatifs, les fenêtres à double vitrage…
Ce qui change, c’est que c’est une maison transportable, mobile. Pour la concevoir il faut compter 3 à 4 semaines pour une équipe de trois personnes. Notre cycle de fabrication à partir de la prise des commandes dure 12 semaines pour une version artisanale, où l’on fait tout à la main.
Est-ce que La Tiny house peut servir aux situations d’urgence ?
Oui et je n’attends que ça ! La Tiny a un enjeu social. J’ai l’exemple d’une association protestante dans l’Ain qui a acheté une Tiny et la met à disposition comme logement d’urgence sur le terrain de deux communes pour accueillir et reloger temporairement les femmes battues. Une idée à développer !
Habiter en Tiny c’est un choix, mais il faut parfois faire face aux aprioris des communes, camping…
On a été reçu par le Ministère du logement qui avait peur d’un effet « cabanisation » de la Tiny mais qui une fois les préjugés tombés, a accueilli le projet à bras ouvert car ce n’est pas un habitat précaire et on peut y vivre toute l’année.
Découvrez le 1er baromètre Français de la construction hors-site