La biodiversité urbaine et le bâti, un défi de taille à relever !

Alors que les enjeux de transition énergétique sont exacerbés dans les débats sur la question environnementale, la biodiversité est trop souvent la grande absente. Pourtant, la préservation de nos écosystèmes est fondamentale et pas seulement hors de nos villes mais aussi au cœur de celles-ci !

La biodiversité urbaine un défi de taille

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De quoi parle-t-on ?

Lorsqu’on parle de la nature, notre imaginaire s’emplit de paysages grandioses : montagnes, forêts, prairies… Il est difficile de penser à des friches urbaines. Pourtant tous les écosystèmes sont importants, y compris ceux qui parviennent à se frayer un chemin entre les dalles de béton de nos sols urbains artificialisés. Protéger cette biodiversité, composée d’insectes, oiseaux, petits prédateurs et bonnes ou « mauvaises » herbes est nécessaire.

S’il faut conserver l’écosystème existant et le protéger, nos espaces urbains constituent également des socles propices pour l’installation de plus de biodiversité. Favoriser cette arrivée de nouvelles espèces de faune et flore peut se faire à travers deux grands leviers : celui du bâtiment et celui, plus large, de la planification urbaine.

Les bâtiments, en zones denses, sont utilisés pour amener plus de végétation dans les paysages urbains. On peut penser aux façades végétalisées et aux toits, qui permettent également d’améliorer la résilience du bâti. En amenant la végétation et donc le reste de l’écosystème plus près des habitants, cette végétalisation des bâtiments permet aussi (et parfois surtout) de sensibiliser les citadins aux enjeux de biodiversité. Si l’on considère que plus les individus se sentiront proches de la nature, plus ils la protègeront, l’inclusion de la biodiversité sur leur lieu de vie peut être un levier d’action très favorable à un changement de mentalités. Bien qu’il soit encore difficile de faire accepter des friches au cœurs de nos villes au nom de la biodiversité, les mentalités changent petit à petit.

A l’échelle d’une ville ou d’un quartier, il s’agit de recréer des corridors écologiques où les espèces animales et végétales peuvent migrer. Il est question ici des différentes trames écologiques : la trame verte (végétation), la trame bleue (chemin de l’eau dans les villes), la trame brune (sol non artificialisé) et la trame noire (espaces à l’abris de la lumière urbaine la nuit). Il est ici primordial de repenser nos villes comme ancrés dans des territoires aux réalités climatiques, géologiques et biologiques spécifiques, et ainsi renforcer la collaboration entre les différentes échelles (municipale, départementale et régionale). Les actions écologiques ne doivent pas se cantonner à l’urbain mais aussi prendre en compte le périurbain, où l’artificialisation grignote les terrains vagues à vive allure.

Qui sont les acteurs ?

Si la volonté de rendre nos espaces urbains plus favorables à l’accueil de la biodiversité est réelle, l’écosystème des structures qui en ont fait leur fer de lance est assez récent. Nous pouvons les catégoriser au sein de trois grands groupes :

  • Les pourvoyeurs de solutions, tout d’abord, offrent des solutions clef en main pour favoriser la végétation et la faune urbaine dans le bâti, et proposent également d’intégrer le végétal à l’existant.
  • Avant, durant ou après la phase de travaux interviennent des entités proposant du conseil, identifiant les meilleurs leviers à actionner au niveau des bâtiments pour en faire des refuges à faune et flore.
  • Enfin coexistent de nombreuses associations, faisant figure d’autorité dans le secteur, qui réalisent des études et des expériences grandeur nature.

Les autorités publiques de leur côté accompagnent ou sont les actrices des projets depuis très en amont, jusqu’à très en aval, à travers les Etablissements Publics Fonciers (EPF) et les différentes collectivités territoriales. De « gendarme » à conseiller, tout en étant également constructeur, le secteur public reste le garant de la prise en compte des spécificités des PLUi ou SCOT en termes de biodiversité, quel que soit l’acteur ou les compétences dont il dispose. 

En pleine ébullition l’écosystème de la biodiversité urbaine est aujourd’hui le reflet de l’importance de cet enjeu auprès de toute la population. Il bute néanmoins sur l’enjeu de rentabilité économique. L’agriculture urbaine notamment reste très dépendante de l’argent public ou d’appel à projets subventionnés en dehors de quelques « oasis » situées dans les grandes métropoles. Cela explique notamment la forte présence du tissus associatif et la prise de position de certains acteurs, sur une utilité davantage pédagogique de l’agriculture en milieu urbain dense (la présence d’exploitation dans le périurbain immédiat étant de toute manière assez forte sur l’ensemble du territoire).

Quels sont les grands enjeux ?

Le premier enjeu de cet écosystème est de réussir à convaincre l’ensemble des acteurs de l’intérêt de développer des démarches de biodiversité s’inscrivant dans le long terme et dans le territoire qui les entoure. A titre d’exemple, la présence d’un écologue se chiffre ainsi à quelques milliers d’euros sur des opérations atteignant plusieurs millions d’euros de budget global.

Il est ensuite nécessaire de développer une vraie logique économique autour d’action qui ne relèvent pas du « beau », mais de l’utile. Ce changement de conception est déjà en marche dans la société dans son ensemble, mais il souffre d’impératif marketing, bien que l’utile n’empêchant pas le « beau » ! Cette logique économique permet aussi d’étendre le nombre d’acteurs. Aujourd’hui, les structures ayant eu raison très tôt trustent les appels à projets et les initiatives où la rentabilité est relativement assurée. Bon nombre de paysagistes sont aujourd’hui en mesure de sauter le pas et de proposer des actions de conseil en faisant intervenir des compétence interne ou externe, mais se retrouvent souvent limités par les budgets qui leur sont alloués.

Enfin, et c’est malheureusement l’une des particularités du secteur du BTP, les règles en matière de biodiversité sont souvent bafouées. Il est aujourd’hui nécessaire d’avoir les moyens de les faire respecter. Ceci passe par des compétences élargies du côté des structures publiques, mais aussi de casser les silos de compétences qui entraînent des zones de flou empêchant par exemple un suivi rigoureux du diagnostic biodiversité.

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