Les matériaux de construction recyclés, ou l’essor d’une filière déjà bien établie

Appréhendez au mieux la tendance des constructions en matériaux biosourcés !

Alors que l’entrée en vigueur de la REP (responsabilité élargie du producteur) vient d’être repoussée à début 2023, la filière des matériaux recyclés est déjà bien développée et n’a pas eu besoin de cette opportunité réglementaire pour se lancer.

matériaux de construction recyclés

Matériaux recyclés : de quoi parle-t-on ?

Bois, PVC, béton, moquettes et faux plancher : le gros œuvre comme le second œuvre et les isolants sont concernés par le recyclage. A peu près tout peut et doit se recycler et cela amène à une grande diversité de techniques de recyclage.

Responsable de près de 7% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le béton est le premier sur la liste des matériaux facilement recyclables : en effet, les gravats d’anciens bâtiments déconstruits peuvent aisément être réemployés dans la conception d’un nouveau béton. Les gravats représentant 80% de la composition du béton, réutiliser ceux-ci est donc un puissant levier de décarbonation du secteur. Le béton est un exemple réussi de matériau réutilisant des déchets du bâtiment.

Avec des approvisionnements en matières premières plus difficiles, certaines entreprises s’attaquent au recyclage de matériaux plus quotidiens, comme le verre ou la cellulose. Il s’agit alors d’un changement majeur dans la chaîne de valeur. Les acteurs dépendent des bonnes pratiques de recyclage des Français, une fragilité prise avec plus ou moins de philosophie selon les secteurs.

Qui sont les acteurs ?

Entre les écosystèmes de la ouate de cellulose et les géants cimentiers, les acteurs sont très variés. Une division caricaturale est possible entre :

  • Des structures très ancrées dans l’économie sociale et solidaire, comme certains acteurs du secteur de la ouate de cellulose qui se sont développés en même temps que la filière biosourcée.
  • Des structures jeunes proches de la start-up qui progressent vite sur des marchés de niche (recyclage de peinture, transformation de déchet ultime non dangereux, etc.). Ces acteurs sont généralement bien intégrés dans l’économie, avec une bonne compréhension des attentes du marché, à la fois du point de vue technique comme pour les stratégies de communication, même si elles peuvent manquer d’une connaissance pointue des acteurs du bâtiment.
  • Des entreprises ayant développé très tôt une solution à partir de matériaux recyclés et qui, à l’heure actuelle, profitent d’une conjoncture favorable. De tailles variables, ces structures possèdent souvent de vrais savoir-faire industriels et de constitution de réseaux de distribution.
  • Les grands industriels du bâtiment qui se diversifient en intégrant des produits bas carbone parmi leurs produits traditionnels. Le recyclage correspondant davantage que le réemploi ou les biosourcés à leur philosophie et process, il s’agit d’un levier de décarbonation efficace pour ces groupes qui souhaitent verdir leur offre de matériaux de construction.
  • Les cimentiers qui ont une place à part et ont réussi très tôt à mettre en place une filière recyclage performante et économiquement viable (même si des progrès sont absolument nécessaires sur l’impact carbone du matériau et le mode constructif privilégié en France).

Que valent les matériaux ?

Afin de se débarrasser définitivement de la mauvaise image qu’ont pu avoir les matériaux recyclés, les entreprises du secteur ont mis un point d’honneur à recréer des solutions facilement utilisables, ne nécessitant pas une formation supplémentaire. Une solution similaire à un impact carbone bien moins important, voici l’avantage indéniable de ce secteur.

Sur l’aspect « pédagogique », les matériaux recyclés sont une formidable opportunité pour « verdir » le secteur du bâtiment et mettre le pied à l’étrier au plus grand monde. Le recyclage est en effet un sujet de société « mainstream » et consensuel. Par ailleurs, l’aspect « technologie humaine » permettant d’obtenir les nouveaux matériaux rassure dans des sociétés françaises, mais aussi occidentales où innovation et industrie sont des notions rassurantes pour le metteur en œuvre, le prescripteur ou l’assureur.

Néanmoins, il convient de rester vigilant afin que le recyclage conserve son image vertueuse. De fait, tous les matériaux ne sont pas équivalents sur le plan du bilan carbone. La notion de « recyclage » n’est pas soumise à une réglementation stricte, ce qui permet à des matériaux contenant 7 à 10 % seulement de matières premières recyclées d’être étiquetés comme « recyclés ». L’important est donc l’information, au-delà de la communication : les chiffres réels de recyclage étant bien souvent disponibles, il est possible, mais compliqué d’enfiler la casquette d’enquêteur pour démêler le réel impact écologique de celui qui est promu. Les fiches FDES, ou fiches de déclaration environnementale et sanitaire, présentant l’Analyse de Cycle de Vie permettent de clarifier ces aspects, mais elles sont cependant vivement critiquées par les acteurs les plus militants. Deux aspects sont souvent cités : la nécessité de réaliser à minima des audits externes et au mieux des contrôles sur les solutions produites en série, mais aussi une meilleure prise en compte de la fin de vie des produits.

On le voit, les matériaux recyclés jouissent d’un panorama plutôt favorable, avec des acteurs prêts à offrir des solutions en grand nombre. Si une limitation naturelle du recyclage reste bien entendu le volume du gisement des matériaux à recycler et la concurrence avec des filières de produits grand public (comme le papier ou le plastique), cette limitation n’est aujourd’hui pas atteinte pour quasiment l’ensemble des produits existants. L’enjeu le plus important reste la qualité du tri, considérée comme globalement inférieure en France (mais aussi dans les pays d’Europe du Sud). En ce sens, le fait de repousser la REP à 2023, mais surtout d’étendre son calendrier d’application est difficile à comprendre. Des acteurs spécialisés issus d’autres secteurs d’activités étaient en effet en mesure d’épauler le secteur du bâtiment. Au-delà de l’optimisation des gisements, reste un débat important qui dépasse les recyclés et impactent les biosourcés ou le réemploi : la prise en compte par le marché du véritable coût environnemental des matériaux.

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