L’architecture écologique : Où en sommes-nous ?
Les décisions prises par le gouvernement à l’instar de la réglementation thermique RT2020 le prouvent, la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement sont devenues des préoccupations majeures. Le secteur de construction doit s’inscrire dans une démarche de développement durable. C’est ce qui explique la montée en puissance de l’architecture écologique.
OFFERT - Notre cahier des tendances
Mais qu’est-ce que réellement l’architecture écologique ? Quels sont les différents types de construction écologique ? Quels sont les labels qui reconnaissent ce respect de l’environnement par le secteur de la construction ? Quels matériaux choisir ? Et qu’en sera-t-il demain ?
Nous vous proposons de répondre immédiatement à chacune de ces questions.
Qu’est-ce que l’architecture écologique ?
Le terme écologique est parfois source de débat, il n’est donc pas toujours évident de définir ce qu’est l’architecture écologique. C’est pourquoi nous allons tenter de vous proposer une définition et vous proposer des critères reconnus par tous comme étant le socle commun de toute construction adoptant une démarche de préservation de l’environnement.
Tentative de définition
De manière simple, l’architecture écologique vise à concevoir des constructions écologiques. Mais là où le bât blesse, c’est qu’il n’existe pas de définition officielle de ce type de construction.
Ainsi en fonction des critères retenus, certains parleront de bâtiment durable, tandis que d’autres se référeront à l’architecture verte.
Une construction peut ainsi être qualifié de bâtiment durable si il revêt une triple dimension :
- humaine, car le confort du foyer ne doit pas être négligé ;
- environnementale en ayant recours à des ressources naturelles et renouvelables notamment pour les matériaux ;
- énergétique puisque la consommation d’énergie doit être réduite à son minimum.
Les constructions vertes quant à elles vont encore plus loin en imposant notamment la mise en place de végétation.
Toutefois, le socle commun à tous ces concepts est la protection de l’environnement.
En effet, l’architecture écologique a pour principal objectif de faire sortir de terre des bâtiments respectueux de l’environnement. C’est pourquoi les architectes qui s’inscrivent dans cette démarche vont faire leur possible pour réduire la pollution induite par le chantier, mais aussi par le bâtiment durant tout son cycle de vie. La consommation d’énergie sera également un point d’attention considéré comme essentiel.
Les principaux critères de l’architecture écologique
Afin d’aller un peu plus loin dans l’effort de définition de l’architecture écologique, et malgré certaines dissonances, des critères principaux peuvent être retenus pour définir un bâtiment issu de l’architecture écologique :
- l’environnement direct dans lequel sera bâtie la construction est pris en compte dès la conception du projet, afin de décider de l’orientation du bâtiment, de sa forme et de sa taille. Le but est d’optimiser les ressources afin de bénéficier de la meilleure luminosité par exemple ;
- les matériaux doivent être naturels, recyclables et locaux dans la mesure du possible ;
- les équipements doivent consommer le moins d’énergie possible ;
- les déchets doivent être réduits à leur strict minimum. Le gaspillage doit être évité ;
- l’isolation thermique du bâtiment doit être performante.
De plus, le bâtiment doit être durable, c’est-à-dire qu’il doit pouvoir être utilisé sur le long terme sans se détériorer. La qualité de vie offerte à ses occupants et le faible impact environnemental ne doivent donc pas évoluer de manière négative au cours du temps.
Les différents types de bâtiments dits écologiques
Le terme de bâtiments écologiques reprend trois concepts réglementaires bien connus des architectes : le bâtiment basse consommation, l’habitat passif et le bâtiment à énergie positive. Mais quelles sont les différences ?
Les bâtiments basse consommation
La notion de bâtiment à basse consommation est souvent reprise sous le terme de maison BBC.
Étalon de référence de la réglementation RT2012, le BBC est une construction qui émet un très faible niveau de gaz à effet de serre. Différents seuils ont été fixés pour les bâtiments à usage d’habitation pour lesquels la consommation conventionnelle d’énergie primaire doit être inférieure ou égale à 50 kWhep/m²/an et pour les autres usages la consommation d’énergie primaire ne doit pas excéder 50 % de la consommation de référence.
Les bâtiments anciens bénéficient d’une plus large tolérance.
Les principaux critères qui encadrent les bâtiments à basse consommation sont :
- une conception bioclimatique ;
- la performance de l’isolation thermique ;
- l’efficacité des équipements techniques.
La maison BBC présente ainsi de nombreux avantages. Elle permet de réduire la consommation d’énergie de manière significative ce qui a un impact positif sur l’environnement, mais aussi sur le budget du foyer. Cette reconnaissance est d’ailleurs perçue comme une valeur ajoutée lors de la revente de la maison ou de l’appartement.
L’habitat passif
L’habitat passif va plus loin que le bâtiment à basse consommation dans la démarche de protection de l’environnement.
En effet, un bâtiment passif est en mesure de générer lui-même l’énergie dont il a besoin pour fonctionner et répondre aux besoins de ses occupants.
L’isolation thermique et la performance énergétique sont donc les piliers de la conception de ce type de construction écologique.
Pour qu’un bâtiment passif puisse être qualifié de la sorte, certains critères précis doivent être respectés :
- la performance thermique avec une isolation d’une épaisseur comprise entre 12 et 16 cm d’épaisseur ;
- une étanchéité à l’air de n50 < 0,6 /h ;
- des fenêtres triples vitrages avec captation de chaleur ;
- une orientation au Sud ;
- une VMC avec un échangeur de chaleur ;
- un besoin en chauffage inférieur à 15kWh par mètre carré et par an.
Pour atteindre une telle performance, et bien qu’il existe plusieurs labels en la matière en France, l’habitat passif repose sur six piliers majeurs :
- l’isolation thermique ;
- les ponts thermiques ;
- l’étanchéité à l’air ;
- la ventilation ;
- l’énergie solaire ;
- les appareils ménagers économes.
Une maison passive offre à ses occupants une grande qualité de vie tout en préservant l’environnement. Toutefois, malgré ces avantages indéniables, il reste souvent difficile de trouver des professionnels en mesure de fabriquer une telle habitation. Pourtant, il semblerait que l’habitat passif soit le minimum standard requis pour l’architecture de demain.
Les bâtiments à énergie positive
Le bâtiment à énergie positive ou BEPOS est certainement la version la plus aboutie des constructions issues de l’architecture écologique.
En effet, le BEPOS parvient à produire une plus grande quantité d’énergie que celle qu’il consomme en un an.
Cette performance qui semble relever de l’exploit est rendue possible grâce à un mode de conception spécifique qui permet d’accumuler la chaleur et l’électricité du bâtiment avant de la restituer. Pour un résultat optimal, les techniques de construction ne suffisent pas. Le comportement des utilisateurs doit également être adapté.
Pour définir un bâtiment à énergie positive, les principaux critères sont :
- la prise en compte de la bioclimatique pour concevoir le bâtiment ;
- la performance de l’isolation thermique ;
- la faible consommation en énergie des systèmes de ventilation, de climatisation ou de chauffage ;
- la décentralisation de la production d’énergie ;
- la présence d’un système de stockage de l’énergie ;
- le traitement de l’énergie grise.
D’autre part, l’utilisation de produits locaux est recommandée afin de réduire l’émission de gaz à effet de serre.
Les avantages environnementaux offerts par les BEPOS sont indéniables. Cependant, pour bénéficier d’un tel bâtiment écologique, il faut compter un budget pour la construction supérieur de 8 à 11 % par rapport à une construction traditionnelle.
Toutefois, pour encourager cette démarche, le gouvernement a mis en place le bonus constructibilité qui permet de faire exception au taux d’occupation du sol afin d’avoir une surface habitable plus grande. De plus, le budget énergétique du foyer est réduit de manière significative, ce qui permet de rentabiliser l’investissement.
Les labels de qualité garants du respect de l’environnement
Dans la perspective d’une architecture écologique, on retrouve aux côtés des différents types de construction écologique, différents labels qui peuvent viser différents objectifs. Certains valorisent la qualité environnementale du bâtiment lui-même, d’autres reconnaissent les compétences spécifiques des professionnels du bâtiment, tandis que d’autres encouragent les initiatives locales.
Parmi tous ces labels applicables au secteur du bâtiment et en faveur de la protection de l’environnement, certains sont incontournables comme le RGE, le HQE, l’E+C- label, le label bas carbone ou encore QualiPac. Explications.
Le label RGE
Le label RGE n’est pas attribué au bâtiment, mais aux professionnels du bâtiment qui en ont fait la demande et qui répondent aux critères.
Cette certification vise à valoriser les professionnels qui adoptent des pratiques respectueuses de l’environnement en reconnaissant leur savoir-faire.
Pour le professionnel qui se voit attribuer le label RGE, les avantages sont nombreux. Nous pouvons citer par exemple, la différenciation avec les concurrents ou l’inscription sur la liste officielle du gouvernement disponible en ligne sur le site renovation-info-service.gouv.fr.
D’autre part, les particuliers faisant appel à un professionnel certifié RGE peuvent prétendre à des aides financières de l’Etat sous réserve que le principe d’écoconditionnalité soit respecté.
Le label HQE
Le label HQE pour Haute Qualité Environnementale met en avant la démarche qualité d’un bâtiment en termes de développement durable.
L’obtention du label HQE repose sur le management responsable du projet de construction, l’utilisation de matériaux locaux et sains, la qualité de l’air et le niveau de performance énergétique.
Le niveau d’exigence est très élevé afin de garantir la qualité de vie la plus importante possible pour les habitants.
Le label E+ C-
Le label E+C-, également connu sous le nom de label à bâtiment à énergie positive et à réduction de carbone, a été mis en place en 2015 afin d’amorcer la mise en œuvre de la RT 2020.
Il vise une double performance. Une performance énergétique et une performance environnementale, tout comme pour le référentiel Energie-Carbone.
Dès lors deux critères sont pris en compte pour attribuer ce label à un bâtiment :
- le bilan énergétique qui confirme que le bâtiment est bien à énergie positive. En effet, pour être éligible au label E+C-, le bâtiment doit impérativement être un BEPOS et donc présenter un bilan excédentaire en énergie ;
- le bilan carbone qui permet de vérifier la quantité globale de gaz à effet de serre émis par le bâtiment durant tout son cycle de vie.
Chacun de ces indicateurs se compose de quatre niveaux de performance. Le niveau 1 présente la meilleure performance énergétique et/ou environnementale. Le BBCA est souvent vu comme le précurseur du label E+C-.
Le label bas carbone
Si le label E+C- valorise les BEPOS présentant de surcroît un très bon bilan carbone, le label bas carbone (LBC) quant à lui, récompense les actions locales en faveur de la transition écologique.
Créé par le Ministère de la Transition écologique et solidaire en 2018, le label bas carbone délivre donc une certification aux collectivités ainsi qu’aux entreprises et aux particuliers qui réduisent de manière significative leurs émissions de gaz à effet de serre en adoptant des pratiques encore plus bénéfiques que celles préconisées par la réglementation.
L’objectif est d’inviter les entités locales à se joindre aux efforts menés par le gouvernement et les professionnels du bâtiment pour réduire l’impact environnemental des constructions.
Les démarches pour obtenir le LBC sont relativement simples dès lors que le référentiel bas carbone est respecté. Un audit est réalisé par un tiers indépendant afin de s’assurer de la transparence du processus. Il comptabilise les émissions de carbone directes et indirectes.
De plus, son coût est moins important que d’autres certifications, ce qui le rend plus accessible.
Le label QualiPAC
Enfin, le label QualiPAC est une certification réservée aux installateurs de pompes à chaleur.
Ce label met en avant les compétences de ces professionnels en reconnaissant que leur travail répond aux critères d’exigence conformément aux normes en vigueur.
Le professionnel bénéficie alors d’une crédibilité accrue qui va encourager les particuliers à faire appel à ses services pour l’installation de leur pompe à chaleur.
Le recours à ce système de chauffage est en effet recommandé, permet de réduire les émissions de CO2 par rapport à un autre équipement, et le foyer réalise d’importantes économies sur son budget énergétique. Cela est d’autant plus vrai, que la pompe à chaleur utilise les énergies renouvelables, et non les énergies fossiles (gaz ou fioul par exemple) dont le prix est soumis aux évolutions permanentes du marché mondial.
Architecture écologique et matériaux biosourcés
Quel que soit la définition ou le type de construction écologique retenu ou le label visé, il existe un critère que l’on retrouve systématiquement dès lors que l’on parle d’architecture écologique : le choix de matériaux. Rappelons qu’ils doivent impérativement être naturels et recyclables ainsi que locaux dès que possible.
Pour répondre à cette exigence en termes de matériaux, il existe une famille de matériaux très intéressante que sont les matériaux biosourcés.
Il s’agit de matériaux issus de la biomasse végétale ou animale conformément à la norme NF EN 16575. Les bénéfices sont multiples :
- réduction de l’émission de gaz à effet de serre ;
- amélioration de la qualité environnementale des constructions ;
- lutte contre le réchauffement climatique ;
- mise en place filières écoresponsables qui permettent de dynamiser le territoire.
Particulièrement utilisés pour réaliser l’isolation biosourcée, ces matériaux sont appréciés pour leur faible empreinte carbone et leur performance thermique.
Parmi les matériaux isolants biosourcés, on retrouve :
- la laine de mouton ;
- la fibre de bois ;
- la laine de chanvre ;
- la laine de coton ;
- la ouate de cellulose issue du papier ;
- la plume de canard ;
- le liège ;
- la paille ;
- le textile recyclé.
Un label bâtiment biosourcé a également été créé et inscrit dans le Code de la Construction qui définit trois niveaux de certification. Les organismes habilités par l’Etat à délivrer ce label sont au nombre de trois, il s’agit de CERQUAL, CERTIVEA et CEQUAMI
L’architecture écologique : l’architecture du futur ?
A quoi ressembleront les constructions écologiques de demain ? et quels sont les projets déjà initiés ? Nous vous proposons un aperçu du bâtiment du futur.
Les caractéristiques de l’architecture écologique de demain
Lutte contre le réchauffement climatique et développement durable sont les enjeux majeurs des prochaines décennies. Dès lors, le secteur de la construction qui consomme 50 % de l’énergie mondiale ne peut ignorer le problème.Il est certain que l’immeuble du futur sera résolument écologique.
Toutefois, l’architecture écologique prenant de l’ampleur, les projets seront sans aucun doute plus novateurs. Et pour cause, le défi est grand.
Les architectes doivent faire face à de nombreuses contraintes émergentes comme les problématiques de transport, le manque d’espace au sol dans les grandes villes ou encore l’évolution des modes de vie des citoyens. En effet, on a pu constater à travers le monde la hausse de la pratique du télétravail induite par la crise du COVID-19, qui implique de repenser les espaces de vie.
Toutefois, deux grandes tendances se dessinent déjà pour les immeubles écologiques de demain.
D’une part, la construction de demain sera également un bâtiment écologique intelligent. Connecté voire ultra connecté, il sera très facile de piloter la consommation d’énergie du bâtiment en fonction des besoins de ses occupants. Certains smart building ont déjà vu le jour. A titre d’exemple, nous pouvons citer l’immeuble de la Bank of America à New York ou le Crystal Island à Moscou.
A terme, le bâtiment sera capable de s’auto gérer pour offrir un confort de vie optimal tout en préservant l’environnement et les ressources naturelles.
L’autre grande tendance en matière d’architecture écologique est issue des constructions vertes, il s’agit de la façade végétalisée. Il s’agit d’isoler le bâtiment par l’extérieur grâce aux plantes implantées sur la façade du bâtiment. Le besoin d’arrosage est quasiment nul puisque le système mis en place permet de récupérer les eaux de pluie. Plantes grimpantes et plantes vivaces forment alors un revêtement végétal tout aussi utile qu’esthétique. La toiture végétalisée, quant à elle moins utilisée, est également un isolant thermique très performant qui permet de réaliser des économies d’énergie.
Quelques exemples de projets de bâtiments écologiques du futur
Si vous vous demandez à quoi vont ressembler l’immeuble écologique du futur, vous pouvez d’ores et déjà vous faire une idée précise grâce aux divers projets en cours.
Parmi les plus connus, on retrouve Hypérion. Cet écoquartier imaginé par Vincent Callebaut sera composé de six tours aux façades végétalisées. Plus d’un millier de logements sera ainsi créé au sein de bâtiments à énergie positive capables de produire des fruits et des légumes de manière autonome. En effet, désindustrialisation alimentaire et décentralisation énergétique sont les maîtres mots de ce projet d’envergure.
Toujours dans cette même idée, Vincent Callebaut a mis sur pied le projet Arboricole au sein de la ville d’Angers.
Un autre projet tout aussi innovant et impressionnant, la forêt verticale de Nanjing. Il est prévu de planter plus de huit cents arbres en façade dans le but d’améliorer la qualité de l’air environnant. Plantes et arbustes viendront compléter ce massif de plus de 4500 m².
Le projet Paris Smart City 2020 démontre également la volonté de lutter contre le réchauffement climatique. Avec ces huit tours ont pour ambition de réduire de 75 % l’émission de gaz à effet de serre dans la capitale française, mais aussi de recycler les déchets dans le cadre d’un circuit court et de réintégrer de la biodiversité. Et ce ne sont que quelques exemples des objectifs poursuivis avec ce projet d’architecture écologique.
L’architecture écologique est sans aucun doute l’architecture du futur. Elle est déjà en train de prendre sa place notamment grâce aux mesures prises par l’Etat en faveur du développement durable. De nombreux critères entrent en ligne de compte, toutefois les éléments incontournables sont au nombre de trois : la réduction des émissions de gaz à effet, la performance énergétique et le choix de matériaux naturels, recyclables et locaux.